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5 au 10 novembre La Cigale Le Divan du monde
Radar Bros - Day One - Muse - The Flaming Lips
    samedi 6 novembre 1999  La Cigale paris

    Laurence Boisnard

Dix-sept heures indique les billet, mais c'est en fait l'heure d'ouverture des portes. L'entrée du public se fait dans une petite confusion et le mécontentement. Ce moment passé, on s'installe dans la salle. Pour nous distraire pendant l'attente, une vidéo faisant la publicité des groupes de la maison de disque "Les ailes bleues" est projetée sur un écran. Comme elle ne dure que cinq minutes, on la connait rapidement par coeur. Pendant ce temps, le sound-check continue derrière le rideau de scène rouge. Il s'ouvre enfin sur le premier groupe. Mais avec bien sur trois quarts d'heure de retard. C'est un peu "normal" car ce premier groupe est les Radar Bros qui sont arrivés dans leur van vers dix-sept heures moins le quart, sortant eux-mêmes leur matériel. Les instruments des autres groupes de la soirée sont déjà stockés dans le fond, ce qui fait qu'il ne reste qu'un espace d'un mètre sur le devant de la scène pour eux. Les douces mélodies mélancholiques des Radar Bros ne chauffent pas la salle, même si le public apprécie poliment. Qui plus est, leur arrivée tardive ne doit pas inciter le trio à une humeur débridée.
* Malheureusement, Muse fait aussi partie de l'affiche ce soir, et une bonne partie du public est visiblement venu pour ce groupe. Cela se reconnait au fait que cette partie est composée d'adolescentes exitées et d'adolescents tout aussi écervelés et ne sachant quoi faire de leur tetosterone. Tout au long du passge des Radar Bros, un brouhaha se faisait entendre émanant d'un groupe qui suivait la finale de rugby, l'un d'entre eux criant "on n'est pas champion du monde" à la désoprobation de la salle, puis à la fin "Pavament, c'est nul" et "Muse" approuvés par le petit groupe. Heureusement le reste de la salle salua la sortie des Radar Bros. a part les fand de Muse, le public est aussi composé de ceux qui sont venus voir un groupe mais qui sont ouverts à tous les autres, et ceux qui diront qu'ils étaient aux Inrocks parce que cela fait très bien.
* Le groupe suivant sera Day One, nouveaux venus sur le label Melankolic. Groupe multiracial de cinq musiciens, leur musique est de même variée, et ne demande qu'à murir. La musique va du moins bon à l'innovant avec un son personnel bien marqué, incluant même pour un long morceau atmosphérique un solo de guitare aux accents jazzy. Si parfois le style de Massive Attack de Mezzanine se fait sentir, Day One est de ces nouveaux groupes influencés par rap et le hip-hop mais qui ont complétement abandonné les platines des DJ et même les samplers, pour revenir au format batterie/basse/guitare. Et qui plus est, le chanteur assure sympathiquement la promotion en annoncant plusieurs fois le nom du groupe et en donnant systématiquement le titre des chansons. A suivre.
* Le troisième groupe de la soirée sera Muse. C'est visiblement le groupe le plus attendu de la soirée, ou du moins le plus bruyament attendu. Tous et toutes les fans sont descendus pour s'ammasser sur le parterre devant la scène. Quand le rideau s'ouvre le batteur et le bassiste sont déjà sur scène. Une fois que le public a bien crié, le guitariste chanteur entre avec un solo de guitare et des poses, les pires, toutes droites sorties du catalogue du grand guignol du rock&roll. Toute suite grosse, grosse déception, ils poussent à fond la manette du son, qui sature et deveint rapidement inaudible dans cette salle. Les communiqués de presse pour la sortie de Showbiz les comparaient à Nirvana, Jeff Buckley, Radiohead. Mais où elle la grâce angélique de la voix de Jeff Buckley et les silences suspendus des guitares ? Comme Nirvana, Muse est un trio et de même le bassiste à une stature imposante qui donne à sa basse l'aspect d'un jouet entre ses mains. Mais la comparaison s'arrête là. Il faudrait que le chanteur de Muse est un peu plus de coffre et ne reprenne pas son souflle bruyament après une note un peu trop longue, pour qu'il puisse y avoir un début de comparaison avec Radiohead. D'accord ce sont tous les trois de meilleurs musiciens que Day One mais au moins ce groupe cherche un son nouveau, et Muse n'apporte pas grand chose de ce côté là pour l'instant. A la fin, le chanteur jetera sa guitare à terre et sortira, le bassiste le suivra et jetera sa basse à terre depuis les coullisses (dans les pieds du batteur qui donnait gentiment ses baguettes au public). Pas contents de leur concert ou dernière pose rock&roll. J'attendais vraiment autre chose de Muse.
* Le groupe suivant sera les Flaming Lips. Leur dernier album "The Soft Bulletin" est étonant par son ton et sa richesse inventive, et je suis curieuse de voir ce que donne sur scène une chanson comme : "What is the light ? (An untested hypothesis suggesting that the chemical [in our brain] by which we are able to experience the sensation of being in love is the same chemical that caused the "Big Bang" that was the birth of the accelerating universe)" ! Un grand écran est descendu au-dessus de la scène forçant les roadies à installer le matériel tout au bord de la scène. Les trois musiciens sont là pour surveiller et aider à l'installation. Le chanteur arrivant avec un grand sac en plastique jaune qu'il pose près de son micro. Encore quelques réglages et Wayne Coyne annonce qu'ils sont bientôt prêts. La première chanson est "Race for the prize (sacrifice of the new scientists)" Et tout de suite, c'est le choc. Les chansons de Soft Bulletin prennent toute leur théatralité sur scène. Les images illustrent exactement et à la seconde prêt la musique, l'emphase des gested de Wayne Coyne, digne des acteurs du cinéma muet, sa voix déjà forcée dans les aigus sur l'album et ce soir encore plus cassée par les concerts, les "accessoires" qu'il sort de son sac jaune : des marionnettes gants, des confettis blancs lancés sur le public, du faux sang qu'il se répandra sur le front pour accentuer les blessures exprimées dans les chansons... Que de sincérité, que d'humanité se dégagent des trois musiciens et surtout du chanteur, quand il referme d'un geste inconscient le col de son éternel caban de marin sur sa gorge, quand entre les chansons il parle au public, ou quand il veut toucher son double sur l'écran. Les images d'ailleurs ajoutent à la "grandiloquence" de la musique. En fait cette grandiloquence n'est là que pour mieux servir ou cacher des douleurs, des constats désabusés mais sereins et des interrogations. Comme pour "What is the light ?" avec les images rappelant les couleurs psychédéliques de la fin de "2001,l'Odyssée de l'Espace"; ou sur d'autres chansons, des extraits de THX117 de Lucas ou de Karajan dirigeant entrecoupées de celles d'explosions atomiques pour "Race for the Prize"...Le concert passe vite tant on est pris dans le tourbillon de l'univers des Flaming Lips. Après la fin de ce qui avait été annoncée comme la dernière chanson, une reprise surprenante mais émouvante d'"Over the rainbow", le groupe sort de scène. Pour revenir aussitôt, Wayne Coyne annonce, pour le plus grand plaisir du public, qu'ils ont encore droit à une chanson. Après celle-ci les Flaming Lips quitteront définitivement la scène mais sous les applaudissements nourris du public, ce qui les étonnera. Il n'y a vraiment pas de quoi pas être étonné de cela, le Soft Bulletin a maintenant été imprimé avec tant de sincérité dans nos esprits.



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